C’était un samedi soir. 23h00, peut-être 23h30. Un SMS, quelques mots échangés comme lorsqu’on avait seize ans. Tu prends de mes nouvelles. Je te demande comment tu vas. Sur un coup de tête, je te propose d’en discuter autour d’un verre ensemble. J’ajoute que je suis seule chez moi. Je sais que tu habites à coté. Sur un coup de tête, tu me réponds que tu es là dans cinq minutes.
Il est déjà plus de minuit quand tu es en bas de chez moi. Je t’ouvre. C’est la première fois que je te vois. Tu es beau. Tu as un charisme que je n’avais jamais imaginé. Un sourire désarmant, une peau caramel. Un regard doux et bienveillant. Tu portes un jean clair, une ceinture en cuir marron, et une chemise blanche ajustée. Tu ne cesses de sourire, de me sourire. Tout à coup, je m’en veux de ne pas avoir pris le temps de me maquiller ou de changer ma tenue. Un short et un pull en cachemire un peu trop grand, je t’accueille comme un vieil ami. Je ne suis ni vraiment maquillée ni coiffée.
Je ne suis pas très à l’aise. Tu le vois. Je vois que tu le vois. Je rougis. Je vais dans la cuisine, tu me suis. On échange des banalités. Comme à l’écrit, tu gardes cette faculté à me faire rire en quelques mots. A me tordre le ventre en quelques phrases. Je te propose du vin. Tu es tout près de moi. Je baisse les yeux. J’attrape l’ouvre-bouteille et je file dans le salon. Je te frôle. Tu me suis. Le canapé semble petit. Tu es tout à coté.
Tu me connais par cœur. Tu te souviens de nos discussions d’il y a deux cinq huit dix ans. Tu me rappelles certaines anecdotes. Je rougis. On sourit de nos bêtises de mômes, de nos échanges, de nos conversations qui duraient des nuits entières. On se raconte nos vies, ce qu’on est devenus, ce qu’on aurait aimé devenir. On parle de nos relations, de nos familles, de nos amis aussi. Tu étais déjà là quand j’ai rencontré mon compagnon actuel. Tu connais tout de nos prémices. Tu étais mon confident, mon beau confident. A l’époque, tu jouais le garçon jaloux et cela me plaisait. Cela me donnait l’impression d’être désirée. D’être un peu jolie aussi. Je te parle de lui, de notre vision du couple. De notre confiance mutuelle et du bonheur d’avoir une personne sur qui compter, avec qui se construire. Dans un murmure, tu me dis que je suis toute mignonne. Je ne sais pas comment l’interpréter. Je ne sais pas si c’est ce qu’on dit quand une fille n’est pas vraiment jolie pour la rassurer, si je suis mignonne dans la façon de te parler de mon couple ou si c’est vraiment sincère. Alors, je souris.
Quelques verres plus tard, tu me dis que tu espères rencontrer une fille comme moi un jour, que je suis quelqu’un de bien. Je te réponds que tu ne sais pas tout, que tout n’est pas si simple. Tu poses un doigt sur mes lèvres. Je ne finis pas ma phrase. Tu ajoutes que je suis jolie, intelligente, et que je sais ce que je veux. Que j’ai des valeurs et de l’ambition aussi. Je me mords les lèvres. Je ne te dirai rien mais si tu savais comme je suis perdue. Comme c’est compliqué parfois aussi. Comme. Et puis, comme toujours dans ces moments-là, je change de sujet. Tu fais semblant de ne pas le remarquer.
Les heures s’évaporent. Je remplis ton verre, à nouveau. On rit. Il est cinq heures du matin. Sur un coup de tête, je te propose de rester dormir pour que tu n’aies pas à prendre ta voiture. Tu acceptes. Je te dis que le lit de la chambre d’ami est confortable. On sourit. Tu sais déjà que tu n’y dormiras pas. Je le sais aussi. Je suis fatiguée. Je me blottis contre toi. Ma tête contre ton épaule. Tu me dis que tu aimerais dormir avec moi. Comme des amis. Je te réponds que je ne dors pas avec mes amis.
Je vais dans la chambre. Je retire mon short. Je me glisse dans le lit. Tu me rejoins. Instinctivement, je colle mon corps contre le tien. J’ai froid. Je tremble. Je sens tes mains sur mes épaules mon ventre mes cuisses. Ton corps est chaud. Tu me dis que je suis douce et que tu es bien contre moi. Je ferme les yeux. Je prends tes mains. Je les pose sur le bas de mon ventre. Je me cambre, un peu. Je te demande de me serrer fort contre toi. J’ajoute que j’ai froid.
Je me retourne et caresse ta joue tes lèvres ton torse. Tu as un beau corps, un corps d’homme. Sportif, carré et fin. Tu t’approches doucement. Tu m’embrasses les yeux. Et puis, doucement, les lèvres. Je ferme les yeux. Tes lèvres sont douces. Tu es doux. Je te caresse les cheveux. Tu sens bon. Je sais que tu as envie de moi. Que tu as peur aussi. Que tu ne veux pas tout gâcher.
Je viens sur toi. A califourchon. Je t’embrasse. Je sens ton sexe contre le mien. Je souris. Tout à coup, mon corps bascule. Je suis sous toi. Je m’agrippe à ton dos. Je sens ta force. Je te murmure que j’en ai envie, moi aussi. Que j’ai envie de toi. Tu m’embrasses dans le cou. Tu glisses ta main sous mon pull. Tu mes caresses le ventre les hanches les seins. Je frissonne. Je te mords l’épaule. Tes mains sur mes fesses, je me cambre. J’ai envie de te sentir en moi. Je te le dis. Tu me pénètres. Je te dis d’y aller plus fort.
Quelques heures plus tard, il fait déjà jour. Je suis un peu maladroite. Tu es un peu gêné. Je te sers un café. Le silence est à nouveau entre nous. Je te dis qu’une amie doit arriver. Je mens. Tu le sais. Tu m’envoies un message quelques heures plus tard pour me remercier, pour me dire que c’était doux cette nuit à mes cotés. Tu me dis que tu as envie de me revoir. J’oublie de te répondre.